J’avais quitté Ain Sefra l’an dernier aux souffles de l’hiver. Elle était transie de froid, et de grands vents glapissants la balayaient, courbant la nudité frêle des arbres. Je la revois aujourd’hui tout autre, redevenue elle-même, dans le rayonnement morne de l’été : très somnolente, avec son ksar fauve au pied de la dune en or, avec ses koubbas saintes et ses jardins bleuâtres.
C’est bien la petite capitale de L’Oranie désertique, esseulée dans sa vallée de sable, entre l’immensité monotone des hauts-plateaux et la fournaise du sud.
Elle m’avait semblé morose, sans charme, parce que la magie du soleil ne l’enveloppait pas de l’atmosphère lumineuse qui est tout le luxe des villes d’afrique. Et maintenant que j’y vis en un petit logis provisoire, je commence à l’aimer. D’ailleurs, je ne la quitterai plus pour un maussade retour vers le Tell banalisé, et cela suffit pour que je la regarde avec d’autres yeux. Quand je partirai, ce ne sera que pour descendre plus loin, pour m’en aller là-bas, vers le grand sud, où dorment les hamadas sous l’éternel soleil.
Parmi les peupliers à troncs blancs, en longs sentiers, suivant les premières ondulations de la dune, avec des parfums retrouvés de sève et de résine, j’ai l’illusion de me perdre en forêt. C’est une sensation très douce et très pure que teinte par moments de sensualité l’haleine plus lointaine d’un bouquet d’acacias en fleur. – que j’aime la verdure exubérante et les troncs vivants, plissés d’une peau d’éléphant, de ces figuiers gonflés de lait amer, autour desquels bourdonnent des essaims de mouches dorées !
Dans ce jardin surpris en pleine aridité j’ai passé des heures longues, couchée à la renverse, me grisant d’immobilité sous la caresse tiède des brises, à regarder les branches, à peine agitées, aller et venir sur le fond éblouissant du ciel, comme les agrès d’un navire balancé doucement.
Au-delà des derniers peupliers, déjà plus grêles et plus rabougris, la piste de sable monte et finit brusquement au pied de la dune immaculée, qui semble en poudre d’or fin.
Là, les vents du ciel se jouent librement, édifiant des collines, creusant des vallées, ouvrant des précipices, créant, au caprice de chaque jour, de nouveaux paysages éphémères.
Tout en haut, hasardeusement posé sur un coteau un peu plus stable, avec ses arêtes de pierres noires, un « blockhaus » rougeâtre veille sur la vallée, sentinelle aux yeux vides, qui a vu passer des armées et des bandes pillardes, et qui regarde maintenant le silence et la paix des horizons vagues.
La dune d’un rouge doré ardent tranche violemment sur le fond bleu et sévère du djebel mektar. Le jour finit doucement sur Ain Sefra, noyée de vapeurs légères et de fumées odorantes. J’éprouve la sensation de mélancolie délicieuse et d’étrange rajeunissement des veilles de départ. Tous les soucis, le lourd malaise des derniers mois dans la fastidieuse et énervante Alger, tout ce qui constituait mon noir, mon « cafard », est resté là-bas.
C’est bien la petite capitale de L’Oranie désertique, esseulée dans sa vallée de sable, entre l’immensité monotone des hauts-plateaux et la fournaise du sud.
Elle m’avait semblé morose, sans charme, parce que la magie du soleil ne l’enveloppait pas de l’atmosphère lumineuse qui est tout le luxe des villes d’afrique. Et maintenant que j’y vis en un petit logis provisoire, je commence à l’aimer. D’ailleurs, je ne la quitterai plus pour un maussade retour vers le Tell banalisé, et cela suffit pour que je la regarde avec d’autres yeux. Quand je partirai, ce ne sera que pour descendre plus loin, pour m’en aller là-bas, vers le grand sud, où dorment les hamadas sous l’éternel soleil.
Parmi les peupliers à troncs blancs, en longs sentiers, suivant les premières ondulations de la dune, avec des parfums retrouvés de sève et de résine, j’ai l’illusion de me perdre en forêt. C’est une sensation très douce et très pure que teinte par moments de sensualité l’haleine plus lointaine d’un bouquet d’acacias en fleur. – que j’aime la verdure exubérante et les troncs vivants, plissés d’une peau d’éléphant, de ces figuiers gonflés de lait amer, autour desquels bourdonnent des essaims de mouches dorées !
Dans ce jardin surpris en pleine aridité j’ai passé des heures longues, couchée à la renverse, me grisant d’immobilité sous la caresse tiède des brises, à regarder les branches, à peine agitées, aller et venir sur le fond éblouissant du ciel, comme les agrès d’un navire balancé doucement.
Au-delà des derniers peupliers, déjà plus grêles et plus rabougris, la piste de sable monte et finit brusquement au pied de la dune immaculée, qui semble en poudre d’or fin.
Là, les vents du ciel se jouent librement, édifiant des collines, creusant des vallées, ouvrant des précipices, créant, au caprice de chaque jour, de nouveaux paysages éphémères.
Tout en haut, hasardeusement posé sur un coteau un peu plus stable, avec ses arêtes de pierres noires, un « blockhaus » rougeâtre veille sur la vallée, sentinelle aux yeux vides, qui a vu passer des armées et des bandes pillardes, et qui regarde maintenant le silence et la paix des horizons vagues.
La dune d’un rouge doré ardent tranche violemment sur le fond bleu et sévère du djebel mektar. Le jour finit doucement sur Ain Sefra, noyée de vapeurs légères et de fumées odorantes. J’éprouve la sensation de mélancolie délicieuse et d’étrange rajeunissement des veilles de départ. Tous les soucis, le lourd malaise des derniers mois dans la fastidieuse et énervante Alger, tout ce qui constituait mon noir, mon « cafard », est resté là-bas.
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