Nom de la zone humide : Le Cirque de Aïn Ouarka, Wilaya de Nâama. Situé au coeur des Monts des Ksours dans l’Atlas Saharien occidental, le site qui fait partie de la commune de Asla se trouve à une distance de 60 km de la ville de Ain Sefra dans la wilaya de Nâama
Descriptif :
Connue par les géologues sous la dénomination de Cirque de Aïn Ouarka, cette zone humide géothermique est une cuvette circonscrite par des montagnes abruptes culminant à 1672 où s’étendent deux étangs aux eaux salées, claires et profondes provenant de sources d’eaux thermales.
Type de zone humide : Continentale Q.Sp.Ss. .Zg. Critère de Ramsar : 1
Justification des critères :
Critère 1 :
De par son caractère géothermique, c’est un site d’importance internationale représentatif d’un type de milieu extrêmement rare en Méditerranée. En Algérie, ce type de milieu est extrêmement rare, outre sa renommée internationale en tant qu’énigme écologique, il est réputé pour certaines activités ancestrales de thermalisme et d’exploitation traditionnelle du sel. Sur le plan esthétique, il offre une merveilleuse vue paysagère où se superposent des formations rocheuses de différents âges géologiques, les activités tectonique et de diaprisme, et l’émergence de sources chaudes et froides.
Caractéristiques physiques :
Géomorphologie et Géologie :
Le relief particulièrement façonné par la rudesse d’un climat marqué par l’irrégularité des pluies et des contrastes thermiques accentués et une faible couverture végétale, est caractérisé par l’affleurement de marnes bariolées et l’ophite des chaînes Sud-atlassiques occupant le fond d’un immense cirque en gradins que domine au Sud l’importante falaise du Djebel Chemarikh qui culmine à 1672 m. Les multiples couleurs très vives des marnes de cet affleurement, celle des roches et des tufs ophitiques sur lesquels se détachent les placages blancs des efflorescences salines contrastent avec les teintes sombres des falaises et des gradins de l’anneau montagneux qui l’enserre. Complexe récifal original intercalé dans un ensemble silico-clastique, le chaînon de Aïn Ouarka fait partie intégrante des monts des Ksours, une région bien individualisée du point de vue structural et qui a été plissée lors de l’orogenèse alpine. Les plissements des déformations souples et cassantes issues de la complexité tectonique sont de type jurassien, caractérisé par une succession de vastes synclinaux et d’anticlinaux. L’anticlinal de Aïn Ouarka illustre parfaitement le type de déformation souple. Le Trias affleure au coeur de cet anticlinal sur environ 2 km d’Est en Ouest et forme une colline s’élevant à 1050 m, il est constitué d’argiles bariolées formant la plus grande partie du Diapir, avec du sel de basalte et des roches vertes.
Hydrologie :
La cuvette de Aïn Ouarka est le point d’aboutissement d’écoulements multiples et l’eau est salée et froide. Les 2 étangs sont le produit de dissolution des sels dans les argiles gypsosaline, sorte de dolomie, par les eaux de sources. Les émergences se font sous forme thermale avec des eaux douces chaudes et froides. Deux sources d’eau chaude jaillissent au pied de Djebel Chemarikh. Celle exploitée par une station thermale artisanale a un débit estimé à 3 lIs, la température de l’eau diffèrant selon le point démergeance de 46° à 39° à la sortie du hammam, la deuxième, plus chaude, jaillit à peu de distance de la première, mais elle n’est pas captée en raison d’un débit très faible. Quant aux sources d’eau froide située à l’ouest des étangs et utilisées comme eau potable par les habitants, elles proviennent de failles et de fractures. L’eau est douce avec une température de 21°c de faible niveau statique(1,2 m) avec une conductivité de 2.000 Umho/cm.
Climat :
La zone se situant dans un étage bioclimatique aride avec un hiver frais, les moyennes annuelles de pluie évaluées à 250 mm sont faibles, alors que les températures estivales élevées atteignent 37,8°c.
Caractéristiques écologiques :
Sept unités écologiques sont identifiées à Aïn Ouarka qui a la particularité de comporter plusieurs associations végétales à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, comme l’association des halophytes de la cuvette gypsosaline avec des Casmophytes, elle même dominée par l’association à Juniperus phoenica. On trouve également des groupements végétaux liés aux fissures, aux rochers, éboulis et aux alluvions caillouteux. Les Oueds se rajoutent avec leur cortège de Pistachier de l’Atlas ou Betoum, de caroubier Ceratonia silica et du jujubier sauvage. Tout cet ensemble est englobé dans l’association à Remt qui s’étend à perte de vue.
Flore remarquable :
Aïn Ouarka est un excellent biotope pour au moins 2 espèces protégées au niveau national Pistacia atiantica desf, et Helianthemum lippi (L) sérieusement menacées de disparition. L’endémisme caractérise 23% de la flore inven toriée, soit 15 espèces dont le champ d’extension serait limité au Sud-Ouest algérien
Faune remarquable : Nous rencontrons des espèces proté gées telles que le Porc-épic, le Chacal doré et la Genette. On note également la présence de l’Ecureuil de Barbarie, le Fouette queue, le Varan du désert, le Fennec et l’Hyène tâchetée. Sur le plan avifaunistique, pas moins de 19 espèces sont recensées ici en oiseaux d’eau, de rapaces (Aigles royal et botté, faucon pélerin). et de passereaux. Le plus remarquable serait la présence des gazelles de l’Atlas et du Sahara, espèces vulnérables classées sur la Liste rouge de l’UICN, elles n’ont malheureusement pas encore bénéficié d’études détaillées.
Valeurs sociales et culturelles :
Le site est très fréquenté pour ses qualités thermales et la gestion traditionnelle de la station thennale, un endroit appelé Khelouet Sidi Ahmed El Medjdoub est à forte fréquentation féminine. Enfin, notons la présence de peintures et de gravures rupestres datant de plus delO.000 ans qui témoignent de la richesse faunistique passée de la région (lions, éléphants, bovidés, mouflons, outardes et autruches). On note également l’exploitation traditionnelle de sel.
Facteurs défavorables affectant les caractéristiques écologiques du site :
Le rejet des eaux usées directement dans les étangs est une menace concrète pour l’équilibre écologique du site.
Mesures de conservation en vigueur :
Installation d’une zone d’extension touristique sensée protéger l’environnement du site et procéder à une gestion rationnelle des ressources.
Mesures de conservation proposées mais pas encore appliquées : Projet de classement en aire protégée, le décret de classement est en cours d’étude auprès du Secrétariat général du gouvernement pour ériger cet espace en parc national.
Loisirs et tourisme :
Tourisme thermal hébergé au niveau d’une station thermale traditionnelle mais qui jouit d’une grande réputation dans un décor fabuleux haut en couleurs lié aux formations géologiques qui donnent au site sa couleur bleutée typique. Les curistes sont estimés à 3.000 par an.
Boumezbeur Ammar
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