NAAMA - Les gravures rupestres répertoriées sur plusieurs sites de la wilaya de Nâama constituent un véritable trésor archéologique à ciel ouvert qui mérite davantage d’attention pour le sauver d’une dégradation certaine. Disséminés à travers la chaîne de l’Atlas saharien, ces gravures rupestres, dont la plupart remontent à l’ère préhistorique, témoignent d’une succession de civilisations dans la région.
Elles sont, toutefois, exposées aux aléas du temps, qui sont susceptibles de dénaturer leur originalité et de porter atteinte à certains de leurs composants. Un état de fait qui requiert, par conséquent, une intervention urgente des parties concernées, à travers notamment une réhabilitation des sites archéologiques. Plusieurs études et recherches menées sur certaines stations de gravures rupestres, parmi les 153 sites répertoriés à travers le territoire de la wilaya de Nâama, ont révélé le peuplement de cette région et ses environs depuis l’ère préhistorique, au moins du néolithique, à l’instar de la station de Mehisserat, à une dizaine de km de la commune d’Ain Sefra, dont les gravures représentent un groupe d’éléphants, d’autres espèces d’animaux et des chasseurs armés de leurs arcs.
Selon des chercheurs, l’explication sémiotique de ces dessins et leur histoire, que bon nombre d’historiens font remonter à l’ère sumérienne et pré-pyramides pharaoniques, est loin de révéler tous les secrets de ces gravures, eu égard à l’absence d’indices clairs, dont le manque de composants paléontologiques notamment.
Expéditions archéologiques et mise à jour de sites.
Ces sites avaient fait l’objet de visites d’expéditions archéologiques étrangères ayant permis de mettre à jour plusieurs autres sites et pièces archéologiques, dont des gravures rupestres éparpillés à travers cette région prospère et renfermant, dans un passé récent, un couvert végétal riche et des cours d’eau actuellement ensevelis sous les dunes de sables.
Selon le paléontologue Leenes. G, un des chercheurs ayant manifesté un grand intérêt au patrimoine matériel et immatériel de la région, ces anciennes gravures préhistoriques constituent de plausibles témoignages légués par les anciennes civilisations, établies ou de passage dans la région, attestant de leurs mode de vie, us et coutumes et des richesses faunistiques et floristiques qu’elles côtoyaient.
Les multiples recherches archéologiques et historiques entreprises, en différentes périodes et à travers plusieurs régions du pays, font ressortir près de 300 stations archéologiques disséminées à travers la wilaya de Naâma, dont la majorité se trouve dans la partie du sud-ouest, notamment dans les régions de Fertassa, Olgueg, Tachatouft, El Bridj, Mekalis et Ain Aissa.
Les fouilles entreprises sur ces sites ont permis de faire de découvrir, notamment dans communes de Tiout, Ain Sefra, Djeniène Bourezgue (sud de Naama), une panoplie de pièces archéologiques, dont des pierres taillées, des instruments de polissage, des débris et de pointes de fléchettes et d’arcs.
Outre ces vestiges témoignant d’une existence humaine très ancienne dans la région, le patrimoine de la wilaya de Nâama comporte, entre autres sites et lieux historiques, une quinzaine de stations de gravures rupestres d’animaux (bovidés et éléphants), de dessins et d’anciens signes d’écritures berbères (Tifinagh), à l’instar de gravures d’antilopes au village Houari Boumediene au lieu-dit Tiout-Gare, considéré comme l’une des plus belles stations de gravures rupestres de la région.
Alerte aux risques de dégradation des sites
Le président de l’association pour la promotion du tourisme et des amis de Tiout a, cependant, déploré la dégradation de cette station du fait de travaux de terrassement menées dans le cadre de la réalisation du tracé de la voie ferrée menés durant l’été 2007.
Soucieuse de la mise en valeur du patrimoine archéologique de la région, l’association s’emploie, dans le cadre de la commémoration du 164e anniversaire de la découverte de la station de Tiout (1847), à l’organisation de diverses activités de sensibilisation sur la nécessaire préservation du site, par l’organisation d’un concours de dessin dédiés à cette station.
Emboîtant le pas à celle de la promotion du tourisme, d’autres associations, à l’instar de Titaouine, Aghram Agdim et Tennenet de la commune de Sfissifa, au sud de Nâama, se sont attelées à la protection des sites et vestiges exposés aux multiples formes de dégradation et d’altération, en sollicitant les autorités locales pour la mise en place d’un dispositif susceptible de contribuer à la préservation de ce legs plus que millénaire.
Le responsable du secteur de la culture a, de son coté, fait part de la prise de mesures à même de pérenniser ces richesses archéologiques, dont la classification des gravures rupestres au titre des réserves du parc culturel de l’Atlas Saharien, créé en vertu d’un décret de novembre 2009.
La sensibilisation sur la protection des sites, l’organisation de portes ouvertes et de rencontres d’information sur le patrimoine matériel et immatériel, la programmation d’actions de restauration et d’entretien des sites archéologiques, et la lutte contre le vol de pièces et biens archéologiques, font partie des mesures prises par le secteur pour la protection du patrimoine local.
Les responsables du secteur fondent de grands espoirs sur le parc de l’Atlas Saharien, pour le financement des opérations de préservation des sites archéologiques. Ces opérations devront porter sur l’ouverture et l’aménagement de pistes d’accès aux sites, l’évaluation de l’impact des projets de développement sur ces sites et la coordination des efforts dans la protection de ces sites.
Les responsables de la commune de Tiout, riche de plus de 50 stations de gravures rupestres, tirent, pour leur part, la sonnette d’alarme contre les multiples formes de dégradation du patrimoine, en procédant, pour remédier à cette situation, à la réglementation et l’encadrement des visites, ainsi que la surveillance de ces sites et monuments archéologiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire