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Aperçu historique du Haut Sud ouest Algérien

Des origines à l'arrivée de l'islam (5000 av.JC au début du 8es.)


De la préhistoire aux débuts de l’histoire
:

0.1) Les gravures rupestres
Le 24 avril 1847, le Dr F. Jacquot se tenait debout devant une falaise impressionnante sur laquelle étaient tracés des signes mystérieux :11 venait de découvrir les gravures rupestres de Tiout, l’une des plus anciennes manifestations visibles de l’homme dans la région et les premières du genre, en Afrique du Nord, à être connues de l’Occident. -- Les premières gravures naturalistes connues au monde selon F. Cominardi --. En 1847, la science préhistorique qui sera plus tard vulgarisée par G. de Mortillet en était encore aux balbutiements; l’un de ses fondateurs, Boucher de Perthes, venait à peine de publier son œuvre Antiquités celtiques et antédiluviennes.
Le Dr. F. Jacquot, qui faisait partie de la colonne du général Cavaignac venue, prendre possession des Monts des Ksour, entreprit de décrire ce qu’il vit: «De singulières images... sont gravées sur le roc et représentent... tantôt des chasses, tantôt des scènes... on voit figurer l’éléphant, le lion.., les guerriers sont armés de l’arc... les femmes portent au coude des bracelets...»
Deux ans plus tard, une autre colonne et un autre docteur se retrouvaient devant la même falaise : le Dr Armieux, de la colonne du général Pélissier, prit le temps d’étudier plus attentivement les gravures: il signala ses études en 1862 et les fit paraître en 1864. En 1882, à la suite de la colonne Louis qui venait ratisser les Monts des Ksour après l’insurrection de Bouamama, les capitaines Boucher et Tournier découvrirent près de l’oued Tachatouft des dessins rupestres qui, après avoir été étudiés par H. Hamy, firent l’objet d’une communication par H. Martin en avril 1882. En 1888, les membres d’un congrès scientifique vinrent visiter les gravures de Tiout et de Mehisserat (Rocher Carmillé à 7 km d’Aïn-Séfra) et l’un d’entre eux, le Dr Bonnet, fit une publication en 1889: Les gravures sur roche du sud-oranais. Ce fut enfin G.B. Flamand qui, après avoir dressé la carte géologique de la région, écrivit en 1892 une note importante sur les stations de pierres écrites du sud-oranais.

A partir de 1901, date à laquelle G. B. Flamand signale les stations de Brij, Sfissifa, Chellala et aïn Gothithir, une vingtaine de publications concernant les nouvelles stations dans le haut et le bas sud-ouest se succèdent jusqu’à l’indépendance : Capitaines Normand, Hilaire et Ribaud, E. F. Gautier, L. Frobenius, R. Vaufrey, Abbé Breuil, F. E. Roubet, H. Lhote, etc... Après l’indépendance, les recherches se multiplient, grâce notamment à F. E. Roubet, H. Lhote, J. Iliou, et F. Cominardi dont les découvertes se comptent par dizaines.

Ces gravures, de grandes dimensions, avaient nécessité un temps considérable pour leur exécution ainsi que de véritables échafaudages.En général, les réalisateurs groupaient leurs oeuvres sur de grandes parois rocheuses bien dégagées.Les traits des gravures ne sont pas identiques; ils varient de la simple esquisse jusqu’au dessin parfaitement achevé. Les gravures les plus finies sont creusées au silex.Elles ont des traits larges et profonds, réguliers et bien patinés. Les graveurs exécutaient d’abord un trait puis traçaient avec, un poinçon un pointillé, marqué; enfin ‘par un polissage obtenu à l’aide d’un outil de pierre, ils obtenaient une ligne continue. La profondeur des dessins atteignent parfois 17 mm; le trait est souvent semi cylindrique.

Une patine épaisse, noire, homogène, recouvre le tout, traits creux et surface rocheuse.
L’ouvrage consistait surtout dans la reproduction d’animaux et de scènes avec des personnages. Ces derniers sont peu nombreux; beaucoup portent de larges ceintures et leurs têtes sont ornées de plumes; d’autres ont des coiffures trilobées. Certains personnages sont gravés légèrement de profil ou accroupis; d’autres possèdent des armes pour suggérer des scènes de chasse ou bien se tiennent en position d’orant pour suggérer l’accomplissement d’un rite. Mais la majorité des gravures est constituée par la représentation de la faune de l’époque.
Le buffle antique est l’espèce qui a le plus inspiré les gens de. La préhistoire. Sous sa forme de grandes dimensions, son aire de localisation est limitée à l’Atlas Saharien. Dans l’art rupestre, sa représentation dans ce que l’on nomme le style naturaliste de grandes dimensions est considérée comme l’étage le plus ancien. Le lion a tenu une place de choix chez les hommes préhistoriques. A l’époque la plus ancienne, la période du buffle antique ou période bubaline, le lion est représenté à corps de profil et à tête de face. Il a continué à être représenté dans les périodes suivantes. L. Frobenius, quant à lui, a publié toute une série de lions de profil provenant de la région de Moghrar Tahtani. L’antilope bubale était très répandue dans l’Atlas et est gravée dans les ensembles de style naturaliste de grandes dimensions. Le rhinocéros existe dans quelques représentations de l’Atlas Saharien; selon toute vraisemblance, il n’a pas joué un grand rôle dans la faune de l’époque et semble devoir appartenir à l’époque la plus humide et la plus ancienne, celle du style naturaliste de grandes dimensions. Il en est de même pour le chien qui figure dans les gravures les plus anciennes car c’était déjà un compagnon de l’homme. L’éléphant a vivement intéressé les hommes du néolithique et même ceux de la protohistoire puisqu’il existait encore à l’époque carthaginoise. Sa taille impressionnante lui a valu un soin particulier dans sa représentation. Il n’est, pas facile, s’il n’est pas associé à d’autres sujets datables, de le lier à une période. Le célèbre tableau d’éléphants de Mehisserat, non loin d’Aïn-Séfra est isolé et pose des problèmes de datation. On peut considérer que l’éléphant a été représenté depuis l’époque bubaline légèrement tardive jusqu’à l’époque décadente où il devient négligé avec une technique piquetée. Le bélier à sphéroïdes peut être classé à la fin de l’époque bubaline. On pense que dans ses représentations les plus anciennes, il est légèrement plus tardif que le buffle et le lion à tête de face. Le boeuf, comme celui de Tiout par exemple, doit être placé, selon H. Breuil, à une époque ancienne mais plus tardive que celle du bubale car l’époque du boeuf correspond à l’époque d’élevage, à la fin du néolithique. L’autruche est un animal familier de l’Atlas Saharien, du néolithique jusqu’à la période historique; sa représentation est fréquente à toutes les époques qui ont suivi le style naturaliste de grandes dimensions mais surtout à l’époque décadente ou elle est tracée en pointillé. L’âne sauvage tenait également sa petite place; celui de Tiout peut être rattaché au style de moyenne époque. La gazelle a fait’ l’objet de nombreuses représentations et serait également rattachée au style de moyenne époque. L’antilope oryx a été représentée à l’époque tardive. La chèvre n’a pas beaucoup inspiré les artistes primitifs; elle fut peu représentée, et ceci, à l’époque tardive. Il existe quelques représentations de félidés comme les panthères. Chacal, sanglier et lièvre n’ont tenu que peu de place dans l’expression picturale et surtout à la fin du néolithique.
En ce qui concerne la signification de ces représentations, on pense que certaines d’entre elles devaient jouer un rôle magique ou répondre à une inspiration artistique. Les figurations de personnages, en position d’orants invocateurs, debout ou accroupis, isolés ou liés à des béliers ou des lions, devaient répondre à un besoin religieux; car il faut croire que ces gravures qui prirent énormément de temps pour leur réalisation devaient avoir une grande importance pour leurs exécutants; la tendance à la zoolâtrie était évidente, surtout en ce qui concerne le bélier. On ne sait si le bélier était considéré comme une divinité ou comme une victime à sacrifier faisant usage de bouc- émissaire; des traits verticaux apparaissent dans les sphéroïdes qui surplombent les têtes d’un certain nombre de béliers. G. B. Flamand suggère l’idée que les béliers et les boucs qui, à notre époque, sont promenés dans certaines circonstances à travers les rues, doivent rappeler un culte antique. Selon H. Lhote et d’autres chercheurs, il est permis de croire qu’un culte du bélier ait existé dans le sud-oranais, un culte qui n’a rien emprunté à l’Egypte puisqu’il l’a précédé. En tout cas, il semble bien que, pour M. Kaddache, « le dieu adoré par tous les Berbères fut certainement le dieu Bélier. La vénération du bélier, dieu solaire demeura vivace pendant plusieurs siècles.» De toutes façons, si un tel culte a existé au néolithique, il a du s’atténuer par la suite comme le démontre la réduction progressive du sphéroïde qui finira par disparaître.
Si personne ne conteste le fait que l’art rupestre soit très ancien, il existe des problèmes en ce qui concerne sa datation car on a souvent présenté comme acquises de simples hypothèses de travail. Les théories de G. B. Flamand relatives à la diversité des techniques employées par les graveurs et à l’intensité plus ou moins grande de la patine ne peu-vent être totalement prises au pied de la lettre. La science préhistorique, encore jeune, est bâtie sur du sable mouvant. Les hypothèses sont nombreuses et discordantes et les conclusions des auteurs ne sont pas des vérités absolues.
Se basant sur la technique (outil de silex, largeur, profondeur, polissage et patine du trait), ainsi que sur les modèles d’animaux représentés, G. B. Flamand estimait, au début du 20èmes. que les gravures rupestres du sud-oranais dataient du néolithique. Si l’on considère que la période du mésolithique (caractérisée par l’abandon de l’économie de prédation au profit de l’économie de production) couvre la période de 10 000 à 7 000 av. JC, ces dessins n’auraient pas été gravés plus tôt que 7 000 av. JC. La position de cet auteur est confortée par celle d’autres chercheurs, entre autres H. Obermaïer et
R. Vaufrey. De son côté, P. Pallary qui connaissait bien la région écrivait : « Les premiers dessins rupestres du sud datent de l’époque néolithique car on trouve à leur pied des silex et des haches polies. »

Cette présence de silex taillé avec flèches et outils polis était si. constante que le Dr Bonnet ainsi que, plus tard, R. Vaufrey pensaient qu’aucune gravure
Khalifa Benamara

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